Un homme, mallette à la main, est accompagné à la gare par sa femme. La banalité même, si ce n'est que tous ses amis se retrouvent sur le quai pour un dernier adieu. Le déplacement se transforme alors en voyage, la destination devient destin. Les héros de Naguib Mahfouz se veulent anonymes, tout comme l'exceptionnel rêve d'être quotidien. C'est là que se croisent l'extraordinaire richesse des thèmes chers à l'écrivain et l'apparente simplicité de ses personnages, qui symbolisent l'homme -vous, lui, moi -sous toutes ses facettes. Une anecdote devient fable, un moment d'existence devient exemplaire. Tel est l'art de Mahfouz: une écriture légère, des scènes somme toute banales, qui sont autant de tranches de vie appartenant à la destinée universelle. Un beau moment de lecture, complété avec à propos par l'essai de la traductrice, Marie Francis-Saad.

Un jeune provincial de la Mayenne est écartelé entre une mère qui voudrait le faire entrer au séminaire et un père qui aimerait le voir prendre sa suite dans le commerce familial des vins et spiritueux à Laval. À la suite d'un curieux concours de circonstances, le garçon décide de choisir le parti de ses rêves. Il s'embarquera sur un steamer faisant la ligne Le Havre-Tamatave à Madagascar. Commence dès lors une histoire riche en péripéties que Jean Grangeot mène de main de maître. De 1931 à 1951, son héros épris de liberté participera à bien des événements, dont la Résistance en France et la Révolution malgache de 1947, prélude à la décolonisation de l'Afrique. Un beau roman d'amour et d'action sur toile de fond historique.

Au début des années 1950, à Alger, le petit Joé brave l’existence avec humour, imagination et opiniâtreté. Fils d’une femme de condition modeste qui compte beaucoup sur sa débrouillardise et d’un père parti avec une autre, il doit chaque jour rapporter les trois sous indispensables à la survie de la famille. Assistant d’un musicien des rues, dealer de kif, vendeur de cravates à la sauvette, porteur de paniers – aucune activité n’aura raison de sa verve ni de son courage. Seule l’Histoire en marche va malmener son entrain… Drôle, tendre, enlevé, ce savoureux récit d’une enfance à Bab-el-Oued se double d’un authentique témoignage sur une époque charnière des relations entre communautés pied-noir et algérienne. Peintre, sculpteur, écrivain et homme de théâtre, Elie-Georges Berreby est né à Alger et a longtemps vagabondé en Afrique, en Amérique latine et en Asie avant de se fixer à Paris. Dramaturge prolixe, il est l’auteur de plusieurs romans, parmi lesquels La Honte à la figure (Actes Sud, 1995) et Le Retour de l’homme de Nazareth (Le Rocher, 2001). L’Enfant pied-noir (Actes Sud, 1994) a obtenu le prix des Salons du livre Brive-Montréal.

" Les paroles du vieil homme se faufilent entre voir et savoir. "Là, le Dragon, ici, Cassiopée et Céphée... " [...] Il se tait désormais, le silence est plein de cette communication [...]. Esaric s'éparpille au-dehors de la nuit ; le visage bientôt couvert d'embruns, il arrime son sommeil aux abords de l'Océan. " Esaric est un petit garçon qui vit à la campagne, dans la Bretagne des années 1950, au sein d'une famille très nombreuse. Tous s'entendent relativement bien entre eux et partagent volontiers la vie de la ferme, regroupés autour du patriarche, le grand-père. Mais à la mort de ce dernier, tout est remis en cause : les querelles se révèlent, l'avenir semble s'assombrir. Comment ce petit bonhomme qui découvre la vie va-t-il traverser de telles épreuves ? Peut-être grâce à un ami jardinier, conteur de monde, qui le regarde autrement. Cette histoire tendre sait à la perfection allier la beauté et la cruauté de la vie à une grande poésie.

Ce livre raconte le déséquilibre et les malentendus entre l'homme et la femme arabes. Les histoires qu'on y trouve ne parlent que d'amour, c'est-à-dire de solitude, de secret, et d'incompréhension. Et puis ce besoin d'amour devient vite une recherche de soi, car pour aimer l'autre, pour donner, il faut s'aimer un peu soi-même. Ce n'est pas si simple, dans un pays où la tradition et la religion aident surtout l'homme à asseoir sa petite puissance, alors même que rien ne peut s'y faire sans la femme.

On dit que la vie n'est pas simple et que le bonheur est rare. Pour Philippe Delerm, il tient en trente-quatre "plaisirs minuscules". Il évoque ici tour à tour, sous forme de petites séquences, la satisfaction immense qu'il tire tantôt de petits gestes insignifiants, tantôt d'une bienheureuse absence de gestes.